Intro
Un mois après ma mission de juin, et après le vol Ariane 5 VA224 réussi le 15/07/2015, ma mission professionnelle est confirmée entre le 20 et le 29 juillet. Je serai comme à l’habitude actif depuis le radio-club de Kourou (FY5KE), en SSB et aussi en RTTY. Le dernier week-end de juillet a lieu le fameux concours mondial des îles sur l’air (IOTA Contest, organisé par l’association anglaise du RSGB).
Je dois réserver une chambre sur île Royale. Mauvaise nouvelle, une seule chambre est disponible, vue sur mer, certes… mais plutôt mal placée pour planter des antennes, le bâtiment est juste en dessous du restaurant, et dans la pente … Je n’ai pas le choix… on verra le moment venu sur place, si je peux échanger avec d’autres locataires une chambre de gardien (oui, les anciennes chambres des gardiens de cachots de l’époque des bagnes), sur l’arrière de l’île, là où le sol est plat. Autre “nouveauté”, la tenancière des lieux demande qu’une autorisation d’émettre soit obtenue auprès des services du Centre Spatial Guyanais, maître d’ouvrage des lieux. Elle m’indique qu’en effet, il a quelques temps des opérateurs avaient posés soucis, en installant de grandes antennes, durant longtemps sur l’île, sans préalablement s’être déclarés. Certes surpris par cette demande, ce point ne va pas me poser particulièrement de problèmes, étant moi même en relation avec les services ayant autorités.
Pour rejoindre l’île Royale, il y a plusieurs bateaux qui font quotidiennement la traversée depuis Kourou. Je cherche alors à déterminer lequel des bateaux permet de débarquer sur l’île le plus tôt possible le samedi matin. C’est le catamaran l’Albatros qui quitte le ponton des pêcheurs de Kourou à 7h15.
Vendredi soir, je prépare mes sacs pour mon expédition sur Royale. Une antenne verticale GPA 30 (Merci à Joël F5PAC pour le prêt), une antenne windom (mini-carolina, merci à Hugues F4GSN), 3 coaxiaux de 20 mètres, une alimentation à découpage, mon transceiver TS-480, mon PC pour le log et mon appareil photo. J’emmène également un tube PVC de 3 mètres emprunté au RACK.
Tout est prêt pour être chargé le lendemain matin…
Samedi matin, après un copieux petit déjeuner, je me rends à 7h au bout du vieux bourg (quartier historique de Kourou) pour embarquer sur l’Albatros. La météo est très couverte… Une fois à bord, la pluie tombe. J’appréhende le montage des antennes sous la pluie… Après les quelques retardataires, nous quittons le ponton, et descendons l’embouchure du Kourou pour prendre le large.
Nous sommes moins d’une douzaine à bord, pour cette traversée. Le commandant est sympa et met les gens à l’aise. J’en profite pour voir si je peux trouver quelqu’un d’intéressé par mon hébergement avec vue sur la mer, à échanger contre une chambre de gardien. Mais je suis le seul du bateau à rester la nuit sur l”île.
Les hors-bords dépassent à gauche, à droite avec des équipages de pêcheurs. Les îles du salut sont en effet un haut lieu de la pêche sportive. On y pêche entre autres des tarpons et des mérous. Voilà un autre moyen de se rendre sur les îles encore plus rapidement…
On suit la voie navigable balisée jusqu’aux îles. A présent les nuages se dissipent, laissant apparaître un beau ciel bleu. A partir de trois quarts d’heure de trajet, la couleur marron de la mer se change et passe à un bleu vert. Elle est d’un beau bleu sous le soleil, lorsque l’on approche des îles du Salut. 
Le commandant approche son catamaran du ponton du l’île Royale, il est 9 heures passées, je suis le seul à descendre. Les autres passagers vont faire le tour des trois îles, île Royale, île Saint-Joseph et île du Diable, pendant que j’entame la montée vers le sommet de l’île. Charger de mes nombreux sacs et du tube PVC, je gravis lentement et prudemment les escaliers de pierres, encore mouillés par la dernière pluie. Je cherche à perdre le moins de temps possible, j’ai à ce moment en tête que le concours a déjà commencé à cette heure-ci (12 heures UTC, soit 9 heures locales).
Je regroupe mes affaires, et part clef en poche, jusqu’au bout de l’île.
L’île est encore calme à cette heure-ci. Le soleil est très présent. Je monte la ground-plane en premier lieu. Je la fixe sur le tube PVC, lui même fixé par des sandows au mur de briques. Les trois haubans sont tirés. A l’intérieur de la chambre, j’installe l’alimentation 12V et mon transceiver sur le bureau. Je passe un instant un peu à l’écoute des bandes hautes. Pas grand chose à écouter, les signaux sont faiblards…
Je monte alors la windom carolina entre la gouttière d’une maison de gardien, et le mur de la zone des habitations. Je demande un coup de main à mes voisins d’en face, pour maintenir la canne de 10 mètres, avant haubanage.
Voilà, tout est en place, les deux coaxiaux raccordés sur les deux entrées du TS-480 SAT. Je démarre mon PC et la session IOTA déjà préparée pour le logiciel de concours WinTest. J’enregistre mon appel “CQ CONTEST” dans le perroquet (lanceur d’appels) du transceiver. J’entends quelques stations européennes sur la bande 20 mètres.
Il est 11 h 15 (soit 14h15 UTC), j’essaye alors d’appeler les quelques stations les plus fortes… mais cela ne passe pas à ce moment là. Je détermine une fréquence libre et je laisse mon perroquet automatique appeler.
J’ai beau insister, 3 QSO en 1 heure de temps. Cela n’était pas la peine de se presser… Je décide de prendre le temps pour déjeuner au restaurant, et profiter de la belle vue sur île du Diable.
De retour à la chambre, je relance le perroquet, la propagation est vraiment en berne : 13 contacts jusqu’à 17h45 (UTC). J’attends l’ouverture de propagation du soir, que j’avais constaté quotidiennement les soirs depuis le RACK.
Il est 19h20 (UTC), je remarque les signaux des stations européennes qui remontent… voilà enfin l’ouverture tant attendues. Je me concentre alors pour décoder les indicatifs des stations l’une après l’autre. Vingt minutes après, la cadence indiquée par WinTest attend 150 QSO à l’heure. Les stations européennes s’enchaînent.
A partir de 22h15 (UTC), la propagation semble changer pour tourner vers les Etats-Unis. Les stations européennes sont proportionnellement en perte de vitesse. Peut-être est-ce dû également à l’heure tardive (01h15 locale à Paris). A partir de là, le nombre de QSO attend est de 315. Les essais comparatifs d’antennes entre la GP et la windom carolina, montre la quasi équivalence de rendement des deux antennes avec l’Europe. Un petit mieux est donnée pour la GPA30 par le report de Philippe F1TRE.
Sur la bande des 40 mètres, quelques stations passent relativement bien, mais là encore très peu de possibilité d’établir le contact bilatérale. A 23 heures locales, je vais me reposer, mon réveil réglé pour faire une vérification de la propagation à 03 heures du matin. Au milieu de la nuit, j’arrive à faire 5 QSO en une heure sur la bande 40 mètres avec quelques stations américaines et une allemande. Je repars alors me coucher.
A 6 heures locales, la propagation n’a pas évoluée. Je vais alors faire un petit tour avec mon appareil photo, pour photographier sous la lumière de début de journée.
Je prends mon petit déjeuner au restaurant. Au large, le mauvais temps arrive vers nous.
La fin du contest IOTA approche, il est 8 heures passées. J’appelle à nouveau avec mon lanceur d’appel. Les derniers contacts sont établis, Je finis le concours avec 361 QSO. Wintest me présente un résultat de 39 IOTA (multiplicateurs) contactés.
Contest : IOTA Contest Callsign : FY/F5UII/P Mode : PHONE Category : Single Operator (SO) Overlay : Dxpedition Band(s) : All bands (AB) Class : Low Power (LP) Zone/State/... : SA020 Locator : GJ35QG Operating time : 10h56 BAND QSO DUP IOTA POINTS AVG ----------------------------------- 80 0 0 0 0 0.00 40 10 0 7 120 12.00 20 349 1 30 2370 6.79 15 1 0 1 15 15.00 10 1 0 1 15 15.00 ----------------------------------- TOTAL 361 1 39 2520 6.98 =================================== TOTAL SCORE : 98 280 Les doubles ne sont pas inclus dans le comptage des QSO ni dans les calculs de moyennes Powered by Win-Test 4.17.0 http://www.win-test.com
Après la fin du concours, et après avoir modifié l’enregistrement de mon lanceur d’appel, je reste en attente d’une éventuelle ouverture. Je négocie avec la dame de ménage, la chambre jusqu’à 13 heures. Mais rien de plus ne se passe, uniquement une douzaine de stations locales me contactent (Mexique, Colombie, Venezuela, Brésil). La pluie a cessé, le soleil rayonne à nouveau. A 12 h 30, je cesse les émissions, et replis les installations.
A 13 heures, j’appelle le skipper de l’Albatros. Il me propose de me déposer cet après midi sur l’île du Diable. Voilà une belle occasion de découvrir un endroit que je ne connais pas encore.
Voilà quelques photos non classés de l’île du Diable, et des mérous pêchés ce jour là aux îles.
Le départ vers Kourou se fait tranquillement à partir de 16 heures. Notre retour à bord s’accompagne d’un planteur offert par l’Albatros. Installé sur le ponton arrière, à l’ombre toute relative de ma caquette arborant mon indicatif “F5UII”, j’abrite ma peau blanche du soleil couchant.
Finalement, même si la propagation n’aura pas permis de trafiquer très longuement, je me suis fait plaisir ce week-end à participer au contest IOTA depuis l’Amérique du Sud. L’organisation en amont est importante pour que rien ne manque une fois arrivé sur l’île.
Si vous avez l’occasion de séjourner en Guyane, les îles du Salut sont un endroit magnifique, qui lie l’histoire (celle des bagnes de Guyane), le nautisme, la pêche et la balnéo… surtout avec une telle météo.
Tous les contacts établis lors de mon activité sur Royale ont fait l’objet de l’envoi de carte QSL via bureau. Elles sont déjà en transit. Vous pouvez toujours vérifier votre contact dans mon carnet de trafic en ligne.
Vos remarques, commentaires ou questions sur mon récit de l’activation de l’île Royale sont les bienvenus ci-dessous…
